vendredi 6 juin 2008

"My fat greek dinner" : μελιτζάνες παπουτσάκια (Melitzanes papoutsakia)

En fait, il faut que je mette quelque chose au clair : je ne parle pas du tout grec couramment. A moins que ça ne vienne par l'ouzo. Mais je trouve néanmoins que ces petites lettres grecques là haut dans le titre font très joli.

En voyant ça, je comprends vraiment pourquoi j'ai voulu faire du grec en 4ème. Manque de bol, il n'y avait dans mon collège que du latin, dont je trouvais les terminaisons en "us" absolument lugubres. Oui, parfaitement, j'associe des choses qui ne vont pas ensemble normalement. Si je voulais me la péter un peu rimbaldienne, je dirais que j'ai une tendance à la synesthésie (uéééééé, deux liens Wikipédia dans une seule phrase hyper pompeuse, c'est le grand retour de la page culturelle dans ce blog). Mais ce serait un peu faux, et vraiment juste pour me la jouer ex-bachelière intellectualo-littéraire. Le fait est que je n'ai jamais appris le grec, ni ancien ni moderne.

Revenons-en à nos agneaux grecs. La semaine dernier, j'en avais assez de ce printemps qui ne ressemble à rien. J'avais envie d'être en vacances et au soleil. J'avais envie de me prendre pour un GO d'un célèbre club de vacances qui fait aussi des salles de sport (ça peut être très utile et complémentaire, vu ce qui va suivre). J'ai donc convié des amis pour un dîner grec. On n'a pas fini par danser le sirtaki, parce que ça aurait été vraiment trop, mais presque.

De l'ouzo, de la melitzanosalata (vulgairement appelé caviar d'aubergine chez nous), du tzatziki et des olives pour commencer, rien de bien foulant. Ensuite, ces fameuses μελιτζάνες παπουτσάκια, ce qui signifie "petits souliers d'aubergine". Et là, pour être honnête, c'est plus vite mangé que préparé... Et pour finir, un ravani, dessert dont vous aurez bientôt la recette.

Je présume que ni μελιτζάνες παπουτσάκια ni "petits souliers d'aubergine" ne vous permet de déterminer ce que sont réellement les melitzanes papoutsakia. Contrairement à ce qu'il y paraît, ce ne sont pas "juste des aubergines farcies". Ce sont des aubergines vidées, dont la chair est confite avec de la tomate et de la viande hachée, puis recouvertes de béchamel et de fromage et gratinées au four.

Ne parlant toujours pas grec couramment (un jour, peut-être...), j'ai fureté pour utiliser un mélange de recettes en français et en anglais, en essayant de trouver ce qui ressemblerait le plus aux melitzanes papoutsakia du resto grec en bas de chez moi. J'ai été (la photo était celle qui ressemblait le plus à ce que je connaissais, regardez-la bien), (qui m'a donné les grands traits pour les proportions, avec celle-ci également), et enfin . Et je crois que j'ai trouvé ma recette d'aubergines farcies à la grecque (qui ressemblaient, évidemment, de façon flagrante à des petits souliers, mais oui mais oui).

Après tous ces liens Wikipédia si fascinants, passons aux choses sérieuses...


Pour 6 personnes :

Pour les aubergines

- 6 aubergines, plutôt courtes et dodues que longues et fines
- 4 grosses tomates ou 6 petites (remplaçables par une boîte de tomates, mais il faut une grosse tomate fraîche malgré tout)
- 2 cc de concentré de tomate
- 4 oignons
- 600 grammes de viande de bœuf hachée
- 1 botte de persil plat
- 3 gousses d'ail
- 500 grammes de fromage de brebis type Ossau Iraty (pour remplacer le kefalotyri)
- de l'huile d'olive. Beaucoup d'huile d'olive...

Pour la béchamel

- 25 g de beurre
- 25 g de farine
- 350 ml de lait
- sel, poivre et muscade


Commencer par vider les aubergines en ne laissant qu'un demi centimètre de chair sur la peau, en faisant TRES attention à ne pas abîmer la peau, qui sera ensuite farcie*.

Dans une grande poêle, faire chauffer 2 cs d'huile d'olive et y mettre la chair des aubergines à confire, jusqu'à ce qu'elle soit un peu caramélisée et réduite en purée.

Pendant ce temps, émincer les oignons et les faire caraméliser dans un peu d'huile d'olive dans une sauteuse. Monder les tomates et les couper en cubes, en réservant 6 grandes tranches pas trop fines (d'où la nécessaire grosse tomate fraîche si vous utilisez des tomates en conserve). Mettre les dés de tomate à confire dans une autre poêle bien chaude, avec 1 cs d'huile d'olive, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de jus. Ajouter la viande hachée puis, lorsqu'elle est cuite, le persil haché, l'ail émincé, le concentré de tomate et la chair des aubergines.

Couper l'ossau iraty en gros bâtons et les placer au congélateur pour qu'il soit plus facile de le râper.

Faire cuire les peaux d'aubergine en les plaçant côté chair dans une poêle avec de l'huile d'olive, à feu vif pendant 5 min, puis à feu plus doux, couvert, pendant une vingtaine de minutes, en les retournant pour qu'elles ne brûlent pas **. Réserver.

Préchauffer le four à 200°C.

Préparer une béchamel assez épaisse. Faire fondre le beurre puis ajouter la farine d'un seul coup. Faire cuire en remuant jusqu'à ce que le roux devienne un peu mousseux, sans le laisser colorer. Hors du feu, ajouter d'un seul coup le lait à température ambiante sans cesser de remuer pour éviter les grumeaux. Remettre sur le feu et faire cuire jusqu'à ce que la béchamel soit bien épaisse. Saler, poivrer et ajouter un peu de noix de muscade.

Sortir le fromage du congélateur et le râper au robot (ou à la main si vous avez envie de travailler les triceps avant l'été).

Remplir les aubergines de la farce, couvrir d'une petite couche de béchamel, d'une tranche de tomate et enfin de fromage. Enfourner pour 20 à 30 minutes à 200°.


* Je ne sais pas si j'ai la meilleure technique : elle fonctionne, mais ce n'est en tout cas pas la plus rapide : je fais comme pour une mangue, en entaillant la chair en croisillons avec un couteau pointu et la détachant ensuite losange après losange (humhum, c'est une impression ou c'est obscur ??). Efficace, mais looooong...

** La recette originale prévoit de les faire frire, mais trop d'huile d'olive tue l'huile d'olive, donc je me suis abstenue. J'essaierai peut-être une cuisson longue et douce au four la prochaine fois.